Chaque année, dans le dessein de soutenir la création contemporaine, le Festival International de Mode, d’Accessoires et de Photographie à Hyères prend place au sein de la villa Noailles. Ainsi, à chaque début de printemps, la sphère mode s’y retrouve pour découvrir dans le hangar des défilés les jeunes pousses de la mode avant-gardiste. Mais le festival n’est pas que mode puisqu’il est aussi Art. Pour cette 33ème édition, les commissaires des expositions photographie et mode - Raphaëlle Stopin, Jean-Pierre Blanc et Magalie Guérin - ont mis en avant des artistes qui viennent questionner et colorer cette époque un peu trop terne… En voici un aperçu qu’il est possible de visiter jusqu’au 27 mai 2018.
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L’ancien terrain de squash de la villa accueille, lui, l’exposition de Bettina Rheims et Bill Mullen. À travers cette dernière, la photographe et le styliste reviennent sur leur collaboration artistique qui a duré près de 5 ans dans les années 1990 pour le feu magazine de Condé Nast
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. C’est alors l’occasion de revenir sur une génération pop en pleine effervescence mise en valeur par les designers de l’époque dans une esthétique haute en couleur inédite. On y découvre les débuts d’Angelina Jolie, Tupac ou encore Gwen Stefanie immortalisés par la Présidente du
jury photographie du Festival.
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A vanishing act
C’est un hommage au délicat travail d’Haider Hackermann que l’on retrouve à la piscine de la Villa Noailles. Le créateur fraîchement parti de la maison Berluti et déjà convoité - selon les rumeurs - par Lanvin est le président du jury mode de cette 33ème édition du Festival. Ici, le white cube improvisé abrite des mannequins parés de silhouettes signées Haider Hackermann. Les coiffes avant-gardistes du japonais Katsuya Kamo viennent sublimer ces mannequins qui regardent, à travers la baie vitrée, l’horizon.
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Les Pyjamas de Pierre Marie
C’est un ballet de pyjamas que l’on peut admirer au gymnase de la villa. Le dessinateur, et ami de tous, Pierre Marie expérimente une nouvelle fois les limites de l’imprimé. Ici, l’artiste aux doigts de fée se joue du zodiaque astrologique qu’il travaille au sens étymologique. Ainsi, différents petits animaux tournoient sur des pyjamas. Le vêtement de nuit est sa manière de les lier au corps. De ce fait, Pierre Marie nous emmène dans un voyage céleste coloré embellit grâce aux savoir-faire des artisans de Puntoseta.
Le Festival International de Mode, d’Accessoires et de Photographie à Hyères c’est avant tout des rencontres. C’est pourquoi nous avons voulu mettre en avant à travers de courtes interviews la création d’aujourd’hui.
Marine Giraudo
En collaboration avec Vanessa Schindler, la lauréate 2017 du festival, Marine Giraudo propose une exposition étonnante. La collection de Vanessa Schindler a été scannée via la photogrammétrie puis mêlée à l’interprétation propre de l’artiste numérique. Il en résulte une exposition en réalité virtuelle 3D où Marine Giraudo nous plonge dans un univers fantasmagorique créé de toutes pièces, intégrant les sublimes silhouettes de Vanessa Schindler.
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L’Exception : Comment s’est passée la collaboration ?
Marine Giraudo : La collaboration a commencé alors qu’elle [Vanessa Schindler] n’avait pas encore présenté sa collection à Hyères. En fait, il s’agit de mon projet de diplôme à l’ECAL, à Lausanne. Là-bas, j’ai découvert la réalité virtuelle et j’ai été très surprise par l’immersion que l’on pouvait avoir avec ce médium. Je trouvais ça intéressant de l’adapter à la mode, il me fallait une collection qui en vaille la peine et qui ait du sens. Une amie que l’on a commun nous a mis en contact. J’ai alors découvert une collection incroyable, qui utilise un isolant, l’uréthane. Vanessa Schindler l’utilise, elle, comme liant de tissus pour éviter la couture.
Sa manière de lier et figer les tissus entre eux a un sens commun avec ma manière de scanner et figer les modèles dans l’expérience que je crée. Ici, je prends le contre-pied d’un défilé de mode, les modèles sont immobiles, gigantesques, il y a un vrai jeu d’échelle. On peut passer en dessous.
Le terrain de jeu de la réalité virtuelle semble infini…
Oui, c’est un peu comme ça que je l’ai pris. J’ai une formation de graphiste et j’ai été un peu déçue par la possibilité des projets. Donc j’ai essayé de créer mon univers. Avec la réalité virtuelle, les possibilités sont infinies. Le terrain de jeu étant l’espace, il est infini.
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Océane et Clémence Cahu
L’histoire de la marque Cahu est plus qu’atypique. Il y a de cela 30 ans, deux frères s’associent pour créer une usine de châteaux gonflables en Normandie à partir d’une matière PVC. Aujourd’hui, les filles Cahu détournent la toile PVC, la réutilisent et la marient au cuir pour développer
une ligne de maroquinerie et de petite maroquinerie.
une ligne de maroquinerie et de petite maroquinerie.
L’Exception : Comment êtes-vous devenues partenaires du festival ?
Cahu : On a proposé à Jean-Pierre Blanc de créer des structures en toile noire pour rappeler la première collection de maroquinerie. On a donc développé des matelas gonflables et une grande arche présentée devant le hangar des défilés. Une manière de chiller dans les jardins de la villa et de l’autre côté de délimiter la zone.
Il y a un côté dégressif avec ces grands matelas sur lesquels tout le monde se love…
Oui, c’était notre but. L’idée est de continuer la collaboration pendant l’année avec la design Parade et le festival des enfants au mois de décembre. On intègre ici le ludique à travers ce festival et l’on continuera tout au long de l’année.
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On constate une évolution dans vos pièces, d’habitude très minimales, là elles arborent le gros logo Cahu… C’est juste pour le festival ou c’est
une nouvelle direction ?
une nouvelle direction ?
C’est une capsule pour le festival. L’idée est de lier le château gonflable à la marque de maroquinerie qui est parfois trop subtil sur l’e-shop. L’idée est aussi de faire le lien direct
entre le jardin et les sacs.
entre le jardin et les sacs.
Quels sont vos prochains projets ?
Rentrer chez L’Exception… *rires*
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Cécile Gray
Parmi les candidats au prix accessoire du festival, nous avons rencontré Cécile Gray, ex-architecte, qui y présentait sa première collection de bijoux répondant au nom d’ « Initiale(s) ». Son travail questionne le bijou, sa taille et son intérêt. La créatrice n’hésite pas à agrandir la taille des pièces pour souligner de nouvelles parties du corps et accessoiriser le vêtement. Elle a créé ce qu’elle appelle le « bijou-vêtement ».
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L’Exception : Lorsque l’on regarde ta collection, on a l’impression d’être au-delà du bijou. Tu proposes quelque chose de différent qui métamorphose le look…
Cécile Gray : Oui, ce sont des pièces d’exception que l’on peut facilement ajouter à une tenue basique. Il y a 4 grandes pièces dans cette collection qui sont inspirées de l’univers du textile et du prêt-à-porter. Elles sont faites exclusivement en métal. Il y a ensuite 3 pièces plus petites, toujours conçues dans cette idée d’agrandir les échelles. Le bracelet devient une anse, le collier est plastron et les boucles d’oreilles sont des fils oversizes qui restent délicats.
Tu produis tout à la main ?
Oui, toutes les pièces sont faites à la main. J’essaie de tester beaucoup de choses. J’ai essayé de travailler à plat en 3D, directement sur des Stockman.
Je pourrais le faire à plat mais j’ai envie d’explorer en 3D. Je suis très influencée par ma formation initiale puisque j’étais architecte. J’ai fais mes gabarits avec un logiciel d’architecture.
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Comment se passe le Festival, quel est ton ressenti ?
J’aime beaucoup, je découvre ! C’est exceptionnel de faire autant de rencontres et de pouvoir montrer son travail. J’ai quitté mon travail d’architecte il y a seulement 6 mois. J’ai fait une année sabbatique à l’atelier Chardon Savard puis en décembre je me suis dit qu’il fallait me lancer pour de bon. C’est une belle expérience !
Vous avez jusqu’au 27 Mai 2018 pour visiter les expositions du Festival à la Villa Noailles.
© Photos par Régis Pennel - Fondateur
