Découvrez nos marques ECO X CEPTION, des marques soucieuses de leur impact, qui font avancer la mode dans la bonne direction. Nous avons eu la chance d’échanger avec Mark BLOOM, le fondateur de Komodo , une marque anglaise à la fois bio et éthique. Pionnière depuis 1988, Komodo s’est appliquée à créer des vêtements durables, faisant rimer protection de la planète avec style.

les deux fondateurs

Nous sommes dans votre bureau, ici à Londres. Qu'est-ce qui fait la particularité de celui-ci et en quoi est-il lié à la marque ?


Mark : Nous sommes ici depuis longtemps, peut-être depuis près de 15 ans. C'est un beau quartier de Londres, Primrose Hill, qui n'est pas vraiment une zone industrielle et commerciale, mais plutôt un quartier résidentiel historique. J'ai hérité de cet espace d'une amie qui avait une autre marque et dont celle-ci est tombée en désuétude il y a quelques années. J'avais l'habitude de lui rendre visite et d'aller déjeuner dans le village, puis elle m’a dit qu’elle ne pouvait rester. J’ai sauté sur l’occasion.
C'était une très bonne affaire avec le conseil local, nous sommes à Camden, le marché de se trouve juste en bas de la rue, c'est donc une propriété municipale, ce qui signifie que nous avons été un peu protégés de l'augmentation des loyers et des propriétaires commerciaux.
C'est petit, mais c'est assez grand pour nous. Toutes nos commandes en ligne sont expédiées d’ici. Nous sommes tellement fiers de la localisation que nous avons mis en place notre stratégie marketing en référence à Primrose Hill, un quartier ensoleillé et verdoyant.
C'est une taille parfaite pour nous et je pense que c'est le cas pour toutes les entreprises durables. En parlant de celles-ci, malheureusement, cette semaine, au Royaume-Uni, nous avons vu deux grandes marques du monde durable, " People Tree " et " Thought ", qui ont toutes deux été placées sous administration judiciaire…
Physiquement, nous avons besoin d'espace pour concevoir notre travail, pour les marchandises, bien sûr, et pour le show-room que nous n'utilisons pas assez, car il n'y a pas autant d'acheteurs que nous le souhaiterions qui viennent nous rendre visite ici. Parfois, ils vont aux foires ou ils ne le font pas, ils travaillent surtout en regardant nos catalogues.

Parce que vous avez un super catalogue !


Mark : Oui, (rires) notre catalogue est bon, parce que nous avons toujours fait beaucoup d'efforts pour l'obtenir et que nous y attachons beaucoup d’importance. Quand je vois des marques plus importantes que nous, qui ne le font pas, je trouve cela dommage, ce n'est pas si difficile à faire, ça ne coûte pas si cher que ça. Il faut apprendre mais une fois que vous avez appris à le faire, vous n’avez plus qu’à continuer.

Alors, qu'est-ce qui fait la spécificité de la marque Komodo ?


Mark : Je dirais que c’est le fait que nous utilisons ce slogan, vous savez, “la marque éthique originale depuis 1988”. Quand j'ai créé la marque Komodo, j'ai changé le nom en 1988, alors que j'étais déjà en activité deux ans auparavant. L'histoire de Komodo, ou mon implication dans l'entreprise, découle du fait que j'étais un backpacker. J'ai quitté l'école à 18 ans, je n'avais aucune idée de ce que j'allais faire, je n'avais pas de bonnes notes pour aller à l'université, et je ne voulais pas vraiment y aller, je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire non plus. Je me suis retrouvé par hasard à rendre visite à des amis à l’étranger, puis à trouver un emploi à Hong Kong, dans le secteur de la confection. J'ai donc continué à voyager et j'ai rencontré des personnes qui m'ont dit de venir en Australie, ou d’autres pays, de venir voir ceci et de venir faire cela. J’ai finalement voyagé 2 ans et demi ! (rires)
J'ai commencé à acheter des choses en voyages, on croise tellement de marchés incroyables quand on part à l’étranger. Je pense que j'ai fait mon premier achat probablement en Chine, en 1983. La Chine de 1983 n'était pas celle d'aujourd'hui, elle sortait tout juste de la Révolution Culturelle et de tous ces artefacts et objets maoïstes. Il n'y avait pas grand-chose d'autre à acheter, mais il y avait toutes ces choses intéressantes que l'on pouvait trouver dans un magasin à Pékin.
Et je l'ai fait, en tout cas j'ai commencé, j'ai juste vu qu'il était question d'acheter des choses à collectionner. Au fond de moi, j'ai pensé “oh peut-être qu'un jour, quand je rentrerai chez moi, je tiendrai peut-être un stand au marché de Camden et je les vendrai”. J'achetais des articles par-ci, par-là et quand je suis arrivé à un moment où j'avais trop de choses et que je devais prendre l'avion ou quitter le pays, j'ai acheté une grosse malle et j'ai tout mis dedans. Je l'ai renvoyé à mes parents et quand je suis rentré à la maison, il y avait une grosse malle qu'ils avaient mise dans le garage.
C'était juste du bric-à-brac, des choses que j'avais achetées au Népal, en Birmanie, en Inde, en Chine, en Indonésie et en Thaïlande. Et je me suis dit : c'est bon, d'accord, allez, je me lance, je vais tenir un stand au marché de Camden. Je n'avais jamais fait ça avant, alors je me suis demandée ce que je pourrais faire à la place. J'ai fait le tour de la question et rien ne m'est venu alors je suis devenu vendeur sur le marché et c'est ainsi que j'ai commencé. J'ai beaucoup de respect pour les commerçants, c'est un travail difficile mais c'est un bon travail. La petite particularité était que j'avais une histoire pour chaque pièce que je faisais écouter à mon public. Ça a très bien fonctionné et puis, un peu plus tard, j'ai eu l'occasion de retourner en Asie et de faire autre chose. Je cherchais vraiment un moyen de retourner en Asie, mais pas comme je l’avais déjà vécu lorsque j'ai voyagé. Je voulais être un commerçant, pas un voyageur. C'est une relation différente que vous avez avec la population locale lorsque vous faites des affaires au sein des entreprises, c'est une sorte de nivélateur. Qui que vous soyez, quel que soit votre niveau dans la société, lorsque nous sommes là pour faire des affaires, nous sommes tous égaux, je veux ceci et vous voulez cela, nous négocions et nous devons travailler ensemble pour que cela fonctionne. C'était donc une bonne expérience, plus intéressante, je pense, après avoir beaucoup voyagé. J'ai vraiment grandi à partir de tout ça et de l'influence que j'ai eue, je suppose. Avant, quand je voyageais, j'étais un adolescent très jeune, toutes les autres personnes que j'ai rencontrées étaient beaucoup plus âgées que moi. Beaucoup d'entre eux étaient des BCBG, en Inde en particulier, les gens étaient déjà là depuis 10 ans, 15 ans ou 20 ans. C’étaient des hippies de la vieille école qui ont fait leur vie en voyageant et sont finalement restés dans ces régions.D'autres personnes ont évidemment terminé l'université, sont allées travailler, ont gagné de l'argent et l'ont économisé. Ils avaient donc une dizaine d'années de plus que moi et ont eu une grande influence sur moi, et encore aujourd’hui j'aime beaucoup ces personnes et leurs idées. Et vous savez, quand vous voyagez pour pas cher dans des endroits comme l'Inde, vous voyez le monde d'un point de vue très différent, vous êtes fier de pouvoir tout faire avec 2 $ par jour, donc c'était l'influence derrière Komodo. Je pense que quand j'ai commencé à faire des “affaires”, je voulais les faire avec de petites usines sympas, en utilisant des matériaux locaux et de l'artisanat, et faire des choses intéressantes que les gens aimeraient faire eux-aussi.
Toute la terminologie que nous utilisons aujourd'hui pour désigner la mode durable et la mode écologique, aucun de ces mots n'était utilisé à l'époque.
Les pièces que nous avons créées, les gens les qualifiaient d'ethniques ou de hippies, ils n'étaient pas si élogieux que ça. Ce n'est que quelques années plus tard que j'ai réalisé, que la mode écologique, la mode verte, la mode durable, je faisais ça depuis des années déjà donc pourquoi ne pas l'appeler comme ça, pourquoi ne pas commencer à utiliser ces mots? Alors nous avons en quelque sorte rafraîchi notre dictionnaire.

magasin

Nous dirions que votre marque n'est pas vraiment hippie, c'est une sorte de mélange entre une marque contemporaine et une ambiance ethnique, n’est-ce pas?


Mark : Exact, nous avons appris par la suite que nous devions faire quelque chose que les gens veulent, qui soit commercial, qui ait du succès, les produits que nous vendions à la fin des années 80 étaient plutôt inspirés de ce que les gens portaient dans la rue mais les gens ont changé. Nous faisions des choses folles en 1988.

Donc c’était beaucoup plus dans l'ambiance hippie ?


Mark : Non, ce n'était pas hippie, c'était de la house music, de la street fashion, il y avait beaucoup de looks tribaux différents que les enfants et les plus grands aimaient, nous n'avions que 21/22 ans, nous faisions des choses que nous trouvions amusantes, le monde était très différent, les gens étaient beaucoup plus aventureux. Aujourd'hui, je pense que les gens sont beaucoup plus conservateurs et la plupart des jeunes ne prennent pas de risques, ils ne sont pas très alternatifs, il n'y a plus de magasins indépendants par exemple.
Dans chaque ville d'Angleterre, il y avait un nouveau magasin ouvert par un jeune, qui se trouvait dans sa vingtaine. Ceux qui ont survécu à cette période sont d’ailleurs toujours là aujourd'hui. Je pense que ce qui fait la spécificité de Komodo, c'est que je ne suis pas sorti de l'école de stylisme, mais j’ai voyagé avec un sac au dos, d'Est en Ouest, ouvert à tout le monde. C'est comme ça que la marque a démarré et s'est faite connaître. C'était une sacré aventure, ce n'est pas l'expérience d'une marque de mode normale qui la rend différente.

Le développement durable est au cœur de la marque, comment l’intégrez-vous dans vos collections ?


Mark : Je suppose que c'est surtout à travers le choix des tissus, nous sommes toujours à la recherche de tissus durables. Si ce n'est pas possible de fabriquer un vêtement dans un tissu durable intéressant, nous choisissons de ne pas le faire. Donc oui, la durabilité de nos tissus est vraiment la chose principale. D’ailleurs nous voulons connaître et visiter toutes les usines avec lesquelles nous travaillons.

Oh, donc vous connaissez toutes les usines, vous les avez toutes visitées ?


Mark : C’est exact, nous y accordons beaucoup d’importance.

Toujours concernant les tissus, est-ce que les imprimés et les dessins sont tous faits en interne, ou achetez-vous parfois le tissu ?


Mark : Nous faisons appel à des graphistes indépendants mais nous faisons aussi beaucoup de choses en interne, nous bricolons avec nos propres imprimés.

Parfois à Paris, il arrive que l'on retrouve les mêmes tissus dans différentes collections. Mais c’est parce que c'est beaucoup plus compliqué de créer son propre design, de le faire imprimer…


Mark : Ce n'est pas si difficile, tout ce dont vous avez besoin, c’est de travailler avec des usines qui comprennent qu’il vous faut seulement de petites quantités. Ça ne sert à rien d'aller dans une grande usine qui voudrait vous vendre 500 pièces d'un style ou d'une couleur et de leur demander seulement une centaine de pièces. Il faut que l'un corresponde bien à l'autre, donc oui, ce n'est pas un business facile, on n'arrive jamais à faire aussi bien que ce que l’on voudrait. On ne peut jamais prévoir, si on pouvait vraiment lire et prédire, ce serait un métier facile, mais on se bat toujours pour obtenir ce que l'on veut.

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Comment imaginez- vous l'avenir de Komodo ?


Mark : Je ne sais pas, nous voulons avoir plus de succès, nous voulons grandir, nous cherchons toujours de nouvelles voies et de nouvelles opportunités et nous commençons à bien marcher en Amérique. Alors que nous l’avions un peu abandonné, maintenant nous avons un nouvel agent et ça marche plutôt bien. On essaye d’étendre l'entreprise partout où elle peut aller.
Nous voulons accentuer notre présence en ligne, nous avons de plus en plus de partenaires en dropshipping. Nous voulons être vus, nous voulons nous profiler en ligne, mais ce n'est pas facile. On essaye, on fait des pubs sur Pinterest, mais rien ne fait vraiment de différence pour le moment.

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Les photos ont été réalisées avec les pellicules Potsdam Kino B&W 35 mm ISO 100 de Lomography